Le sol pouvait trembler, la terre gronder et les eaux se déchaîner, rien ne pourrait stopper l’élancement des violons, leur chant dansant aux allures tziganes. Les cordes tressautaient sous les archets, les pas rythmaient cette mesure lancée, joueuse et prêt à exploser.
Pas de cacophonie dans ces sons pourtant si disparates. Une seule voix, une seule mélodie envoûtaient les danseurs qui en oubliaient jusqu’à cette cale sombre qui les hébergeaient. Les étoiles elles-mêmes dansaient dans les regards brillants des spectateurs admirant cette chaîne virevolter, tournoyer, sans jamais se lasser.
Quelques gamins tentaient d’égaler leurs aînés, entraînant les petites filles encore intimidées. Plus vieux, discrets derrière l’attroupement, quelques couples échangeaient des regards brûlants avant de s’éclipser loin des sursauts des violons. Le visage marqué par les âges, les vieux montraient des sourires édentés, songeant à leur jeunesse envolée, se nourrissant du bonheur de cette nouvelle génération.
Elle dansait, tournoyait, frappait de ses galoches les tables sur lesquelles elle grimpait, comme exposant au monde cette joie égale que tous partageaient.
Nul ne songeait à la vie extérieure, aux malheurs de leurs vies, au vide de leurs bourses ; il n’y avait là qu’un seul et même bonheur, une unique espérance, une seule et même volonté : celle d’attraper la main de ce pays qui représentait leur salut.
Emportés par les violons, ils se laissaient griser par l’espérance d’une nouvelle vie.
[...]
J'ai songé à une mini-vidéo d'ambiance...?